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 Pierre LOEB 

L’alchimiste songeur

Pierre Loeb est né à Nancy en 1934. Après des études dans sa ville natale, il rejoint l’académie André Lhote puis celle d’Henri Goetz, bd Montparnasse, à Paris, deux figures de l’art contemporain de l’époque qui seront ses premiers maîtres initiatiques, les pierres angulaires de son travail, il y en aura d’autres. Le peintre Pierre Loeb prend son temps, son tempo est lent, mais rythmé, car il apprécie particulièrement la musique, le jazz (« Jazz jaune et rouge »), bien sûr, et le flamenco (« Baile gitano »), toujours. Le métronome est régulier, les accélérations contrôlées, ce calme apparent n’est pas plat, il recèle un bouillonnement intérieur, cérébral et émotif qu’il posera sur sa toile touche après touche, revenant parfois plusieurs années durant sur le motif pour parfaire quelques vibrations qui lui semblaient dissonantes. P. Loeb a besoin de maîtriser ce qui l’entoure, savoir où il va, l’aventure de l’art contemporain fait d’abstractions et de provocations, d’excitations triviales ne l’intéresse pas et ne l’incite pas à tenter cette expérience, même si l’interrogation et le doute peuvent l’effleurer. C’est bien plus un bâtisseur qu’un destructeur. Ce qui l’intéresse, peut-être, peindre encore pour tenter de reconstruire une harmonie perdue, mais qu’il sent souvent proche et qu’il attrape parfois, avec bonheur. Son ami Marcel Mouly (1918-2008) lui écrivit « qu’il était heureux que je participe à son combat ». P. Loeb en fut étonné, il n’avait jamais réfléchi à sa démarche en ses termes, mais après en être convenu, il lui répondit : « Je suis honoré que tu m’associes à ta cause. »

Fils de Cézanne et de Braque, il a beaucoup d’admiration et d’estime pour Manessier et Bazaine (post-cubistes) qu’il a rencontrés, et est en permanence nourri par les maîtres anciens et modernes : Le Greco, Van Gogh ainsi que Matisse, Picasso et Dayez. Un très grand moment fut sa vision, au Jeu de Paume, de la version exposée des joueurs de cartes de Cézanne : « … saisi par la qualité et l’invention du dessin, la richesse de la matière et la rareté de l’harmonie de couleurs, […] j’ai ressenti ma première émotion esthétique. » Lors d’un reportage sur France 3, diffusé en avril 2016, il dira : « Au début des années 70, où j’ai commencé à m’intéresser à la géométrie, c’est devenu une préoccupation constante, ce qui ne veut pas dire que la sensibilité est écartée, mais elle s’inscrit dans un cadre très solide, et je suis vraiment très attaché à ça. » P. Loeb recherche « la transposition cachée de la nature, l’expression adéquate, le rythme général ». Son projet : « s’exprimer le plus pleinement avec, à la fois, force, sensibilité et lyrisme ». Cependant, l’interrogation demeure : « Passes-tu à côté de quelque chose ? Ne t’exprimes-tu pas avec des moyens qui ne correspondent plus à ton temps ? » - « La peinture est un exercice cérébral, c’est ma conviction. Depuis la grotte Chauvet jusqu’à nos jours, les vrais peintres ont des préoccupations plastiques. »

Pierre Loeb tombera amoureux de l’Orient dans des frontières très excentrées, celui-ci commence en Andalousie avec sa passion enflammée du sauvage flamenco, la Tunisie « Les nattiers », (« L’homme bleu »), le Maroc, les musiciens « Bendirs », le Rajasthan : « C’est en Inde que j’ai ressenti le plus violemment ce climat, cette ambiance particulière que je recherche. »

Ses travaux personnels l’amèneront aussi à faire des portraits, toujours intéressants mais où la forme avait pris volontairement le pas sur l’aspect humain, exacerbant les traits à la recherche sans doute d’un certain absolu : Paul Klee, Franz Kafka, Jean Cocteau, Van Gogh, Jacques Lacan...

Pierre Loeb encore, puisqu’il faut le citer : « Plutôt que de choisir, on pourrait dire qu’un peintre cède à une secrète injonction. Il en est ainsi pour moi de l’Orient au sens large ainsi que du flamenco, sans savoir pourquoi. C’est une création mentale fantasmée. Pour pouvoir les intégrer dans le rectangle magique du tableau, je dois les dépouiller d’une partie de leur poids de réalité, déformer cette matière afin de créer une sorte d’organisme vivant autonome. Une réalité nouvelle obéissant à sa propre logique et générant sa propre lumière. »

Voici donc le travail d’un peintre honnête, comme l’on dirait honnête homme, qui a toujours recherché, à son rythme, sans s’égarer, de créer, de bâtir, patient alchimiste songeur, une œuvre riche, pleine de beauté et de vibrations qui résonneront encore longtemps dans nos cœurs.

Gérard Valat

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Le pichet noir - 8F

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La théière verte - 10P

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La fête à Vence - 30P

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GV302 - 5F

 En savoir plus 

- Lien vers le site officiel de Pierre Loeb

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