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 Philippe HELENON 

Né en 1954, Philippe Hélénon vit et travaille à Paris.

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Il est avant tout un peintre du papier et a réalisé beaucoup d'illustrations de livres d'artistes.

Techniquement, il mélange maigre (acrylique) et gras (pastel à l'huile) en s'adaptant aux formes d'un papier aux bords irréguliers.

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Plus qu'aux objets eux-mêmes il s'intéresse à leurs formes, à leur matière. Il ne cherche pas à les représenter, mais en isole certaines parties, en accentue d'autres pour un résultat souvent totalement abstrait.

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Le tout-venant

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"Philippe Hélénon voit tout et n'oublie rien. La simultanéité de tant de formes pourtant n'est pas chose supportable. Le plus souvent, la profusion est l'ennemie du sens. Mais lui, le peintre que sa myopie oblige à regarder de près, il réussit ce tour de force d'apprivoiser la profusion et de lui imposer son équanimité. Les signes, les cailloux, les morceaux de fer rouillés, les verres, les brocs, les outils de jardin, les portes, les oreilles, les nez, les tabourets, les couverts, les ustensiles de cuisine et le bracelet-montre, il les accueille tous sans restriction. Cette somme d'images qui se bousculent au coin de la rétine, il ne la hiérarchise pas. D'ailleurs il n'a pas le temps. Tout se livre en un seul instant sans que cônes et bâtonnets aient eu le temps de classer, de ranger, d'attribuer à chacun sa place sur la feuille d'Ingres et dans le monde, ou bien de n'en retenir que les plus aptes à survivre. Ici tout a du sens et de manière équivalente. C'est une vision brute d'avant la mise en ordre, qui fait droit au tout-venant et à l'insignifiant. Et surtout pas de perspective, s'il vous plaît, qui serait artifice, mensonge, petit arrangement. Ici, rien n'est dénaturé. Chaque chose a le droit d'être comme elle est, comme elle se voit elle-même, et non comme nous voudrions la voir. Rien ne manque ou plutôt, puisque tout œuvre se fonde sur ce qui manque, ce qui manque ici est peut-être le rien. Il n'y a pas d'absent. Tout y est, tout est là, restitué au millimètre près par la magie d'une myopie fondamentale sur laquelle le peintre s'appuie avec bonheur et qu'il nous demande d'adopter pour notre dessillement. Obtempérons sans perdre une seconde."

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Daniel Bourdon

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